samedi 8 août 2009

rencontre, CMLXXIV



CECI N'EST PAS UN REFLET.






Le mien du moins. Quoique double.

Entendons-nous bien : je ne suis pas, je n'ai jamais été ici pour me suffire à la simple contemplation des peaux.

Peau de verre trop souvent d'ailleurs, peau froide d'un miroir pourtant parfait ou la buée d'une main seule à ses cinq doigts nous fait croire un temps à la sueur de l'autre, au frisson de son corps quand ces doigts dédoublés s'en approchent, quand déjà nos lèvres se sont mêlées à d'autres lèvres, au plus intime alors de nos baisers, de nos langues affamées de cette faim que nous savons pourtant sans terme, car sans cesse à nous-mêmes renvoyée...

Telle est l'éternelle loi de ce désir à la Semblable accordé : nous y dressons sans relâche de hauts corps de miroirs, de sublimes élévations célébrant cette recherche effrenée de soi qui nous tient lancinante au creux du ventre comme elle a su nous retenir d'abord par tous les coins de la fascination du coeur...

Oh mes Amours, oh Narcisses vacillantes à l'appel de leur irrésistible reflet, troublantes petites fleurs éphémères que l'eau du Temps déjà noie de sa bien plus insatiable soif, et où se résout soudain tout l'éclat de leur feu, tout l'ardent de leur parfum !



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