mercredi 4 mars 2009

rencontre, DCCLXVIII



J'ai dit douleur, et, comme de bien entendu, certaines pensent qu'il suffirait de lire "douceur".
Comme si l'on pouvait aussi facilement modifier les mots... Les modifier à notre guise, les posséder ! Avoir sur eux ce pouvoir qu'en fait ils ont depuis toujours sur nous, petites exécutantes d'un dessein qu'ils détiennent si puissamment et qui à chaque fois se joue si merveilleusement de nos personnes : qui dès l'enfance nous enlace, nous baise sur la bouche et puis l'entrouvre et puis tourne en nous sa Langue, nous berçant de sa caresse et de cette illusion que nous sommes seules maîtresses de ce plaisir que nous y prenons...


Illusion toujours fatale et toujours si savamment ensemencée de songes : car il nous faut des songes, il nous les faut à tous prix, et ce baiser incessant nous en nourrit chaque jour, en fait notre pain quotidien. Puis encore, au moment fixé précisément par un compte secret de syllabes brusquement se retire, et nous laisse à jamais muets. Morts, dit-on aussi. Pendant que lentement l'instrument se décompose de cette immense mesure dont nous n'aurons jamais été qu'un imperceptible et trop inconnu fragment.









Poème,

à l'homme lucide bref éclat du sceau de cette vie et de cette mort-là,

furtif face-à-face avec l'insondable Mystère de notre immense et minuscule condition !



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